Le clown, l’humour de soi ou le saut dans le bide

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L’humour de soi ou le saut dans le bide

Le clown, une utopie réaliste

 

Le drame pour notre monde ce sont tous ces humains qui se prennent trop au sérieux.

Le clown, dans notre enfance, fut le premier à nous montrer le ridicule des choses, fragile et matamore, il nous a appris que l’on pouvait rire de nos faiblesses et triompher dans l’erreur.

Aujourd’hui, en ces temps de crise et de morosité ambiante, face à l’angoisse des lendemains qui ne chantent plus vraiment, qu’avons nous fait de notre sens de l’humour ?

Les médias nous abreuvent d’émissions “pour rire”, les humoristes sont là pour nous détendre, pour nous faire oublier un instant que la guerre est à nos portes et que l’humanité souffre. Mais quand le rideau tombe et que nous nous retrouvons seul au quotidien, qu’en est-il de nos rires ? Comment retrouver la joie ?  Comment reconquérir l’innocence et l’état de grâce de notre enfance ? Comment continuer à y croire ?

 

Une enfance brisée par des injonctions pesantes 

Nous avons reçu tellement d’injonctions qui ont détruit notre confiance !

“Tu n’as pas honte”, “Ça ne se fait pas”, “Mais où donc as tu été élevé”, “Fais pas ci, fais pas ça”, “La vie est dure, c’est une longue souffrance, regarde autour de toi, on n’a rien sans rien” et, j’en passe !

À force d’entendre toutes ces paroles pessimistes, nous avons fini par y croire et nous avons peu à peu par perdu l’enthousiasme : les événements et les conflits nous collent à la peau. On patauge dans le psychodrame et on ne sait plus comment sortir du cercle infernal des relations perverses et toxiques.

Savons nous encore ce que nous avons le droit de faire ?

À quoi ressemblerait le monde si chacun disait  vraiment ce qu’il pense ou ce qu’il sent, si chacun de nous osait vraiment être ce qu’il est ?!

J’imagine déjà ce que ça donnerait au travail:  la hiérarchie bousculée, les pouvoirs ébranlés et à la maison, que deviendrait la toute puissance parentale ?

Un monde avec moins de chantages, moins de jeux psychologiques, moins de dominations occultes, ça te tente ?!

Ah mais non, non et non ce ne serait pas sérieux ! Nos institutions trembleraient sur leurs bases si un beau matin chacun et chacune avait décidé d’être soi et de se dire, ou de s’exprimer dans la transparence de l’instant.

Et pourtant mon clown m’a montré le chemin depuis plus de 50 ans !

 

Oser la vulnérabilité

Un rêve qu’il est possible de réaliser en partant à “la recherche de son propre clown” dans une parenthèse magique.

Trouver son clown c’est prendre le risque de redécouvrir l’ouverture qui  fût la nôtre avant que l’étau des convenances ne se resserre et c’est faire le choix de la transparence.

En clown, nous partons toujours de ce qui n’est pas convenable, de ce nous n’avons jamais oser avouer aux autres, en société : nos faiblesses et nos défauts. Nous n’osons pas montrer nos ombres et ça nous épuise.

Le clown est vulnérable et, loin de chercher à éviter l’obstacle (qu’il soit intérieur ou extérieur), il cherche à le rencontrer, c’est dans ses failles qu’il s’épanouit avec bonheur.

 

Se délivrer de la manipulation

Toute communication est une tentative d’influence disait un de mes maitres en PNL … et oui, je sais, c’est choquant !

Ce n’est pas très joli de manipuler, on le sait … mais, comme on le fait quand même alors autant voir en face nos travers et en démonter les processus.

Le clown nous démontre comment nous nous y prenons pour obtenir ce que l’on veut,  et par quelle manipulations subtiles nous arrivons à nos fins.  Dans sa transparence, et par son regard, le clown rend le public complice de ses intentions : il nous en fait la “dé – monstration”.  Et,  par l’acte même de se “dé – monstrer, il nous délivre du monstre de la “manipulation”.

Il lève le voile sur ce que nous cachions comme une tare, précisément parce qu’il  nous donne ce qu’il ressent dans l’instant.

Le clown laisse émerger sa partie cachée, cette ombre qui va cesser de l’être au moment ou elle va s’exposer en pleine lumière, sous les feux de la rampe.

Le clown fonctionne à l’inverse du masque que nous arborons pour affronter le monde. Glissant à la surface des émotions, évitant les conflits, nous finissons par nous couper de tout, telles des fleurs coupées et présentées dans de jolis vases, nous nous fanons à force d’être privés de l’essence même de la terre.

Le clown a quelque chose du coq gaulois, il chante haut et fort qu’il est le plus beau  pendant que ses pieds  – comme chacun sait – prennent racine sur le fumier. Le fumier ici n’est que le “compost” de l’esprit où pourrissent et se décomposent les formes anciennes de nos croyances désuètes et de nos illusions perdues.

 

Vivre en résistant à l’asepsie des choses 

Le clown a l’audace de ses émotions : rires, peurs, colères et joies…  Il nous donne tout sans vergogne.  Il ne juge pas le monde, il le “sent”, et s’il “pense” c’est pour se demander, avec toujours autant d’étonnement pourquoi “les autres ne sont pas tous comme lui” !

Quand le monde lui résiste, il n’hésite pas à se lancer dans la bataille corps et âme.

N’est ce pas ce que nous faisons tous d’habitude : nous battre ! Hélas, oui, mais, nous ne faisons rire personne avec nos combats parce que nous n’avons aucune distance et que chacun croit vraiment qu’il “possède” la vérité ou qu’il est dans son bon droit.

Le clown fait “tout pareil “, mais l’acteur qui porte le nez, n’est pas dupe.

 

Se délivrer des émotions

Il faut bien reconnaître que nos émotions parfois nous font peur, nous n’osons pas les dire ou les exprimer de peur qu’on nous prenne pour des fous !

En clown, je me montre tel-le que je suis, je ressens la blessure, j’ai mal, et ça se voit !

Et l’émotion ça marche comme ça , si j’accepte de la sentir et de la manifester, je m’en libère !

Sur cet espace protégé de la scène où tout est possible, pourquoi ne pas revendiquer d’être en colère, triste ou d’avoir peur ?

`Pourquoi ne pas le crier si besoin ?!  C’est le cadeau que nous donne notre clown.

 

Comment « Taire » !?

Parfois nous choisissons l’autre alternative : se taire ! Ne rien dire, ne rien montrer… cacher le mal… le balayer sous le tapis ou se contenter de faire des commentaires sur la situation.

Vous entendez ce mot ? “comment-taire” !  Comment ne pas dire, comment cacher notre vérité intime.  Et si « faire un commentaire », était un moyen, un art de se cacher derrière des mots, pour éviter d’exprimer l’essentiel de ce que nous ressentons.

 

Le clown ne peut pas être en dehors des événements, il est impliqué jusqu’au cou,

jusqu’aux coups que lui donne la vie. Il est forcé de jouer le jeu sinon il se tue.

 

Obligé de jouer le “je” sinon il se “tu”! Et, s’il n’est plus lui-même, il n’est plus rien !

Par moment il a envie de dire “pouce”, il change d’espace et crie que cette situation ne peut plus durer mais il va être obligé de la vivre jusqu’au bout et, c’est là son véritable héroïsme.

 

Se donner tout entier

Même de tempérament réservé ou taiseux, le clown nous oblige à la générosité.

Pour la plupart ,« être généreux » c’est donner une partie de ce qu’on a. Pour le clown c’est se donner tout entier.

Il se donne, quand il s’aban-donne aux regards du public, mais aussi en confiance dans ses rapports avec ses partenaires

Ah ! bien sûr, il se fâche parfois, il s’énerve souvent, et il va même jusqu’à faire la tête, mais, sa confiance lui donne tous les courages même celui de se planter car au fond, il sait bien que

« On ne pousse que si l’on se plante »

Il est sans jugement, ou alors il « joue à juger » !  Mais avant tout , il ressent les choses  et  son délire nous emporte vers un monde ou nous pourrions vivre nos émotions et nos rêves sans aucune censure. Ses émotions sont absolues et, sans transition, il passe de l’une à l’autre. Il jongle avec la vie, il est l’image de la vie, telle que nous l’avons peut-être perdue en “grandissant”.

En survivant de la sorte, nous avons perdu l’enthousiasme et sans cette formidable énergie, qu’est devenue notre puissance ?

 

Retrouver la puissance  

Le clown est tout puissant parce que l’émotion touche plus fort qu’un jugement :

Crier “j’ai mal” a tout de même plus de force que d’injurier l’autre ou le condamner sans appel à être la définition de l’image que nous en avons. Alors, au lieu de faire violence à l’autre,  pourquoi ne pas exprimer cette violence “en distance”,  ainsi nous l’expulsons de la relation et nous l’exorcisons des nos démons internes.

Toutes les anciennes « traditions initiatiques »  nous disent bien que nous n’avons du pouvoir sur l’ombre que si nous pouvons la nommer. Chaque fois que j’identifie une émotion et que je la nomme ou l’exprime en conscience,  je reprends le pouvoir sur elle.

 

Assumer sa vie

 Le clown est fort parce qu’il assume ce qu’il vit : il “digère” les chocs et nous le voyons de fait, “dire” et “gérer” au grand jour ce qui lui arrive. Tant que nous adoptons la politique de l’autruche, tant que nous minimisons l’impact de l’autre ou des événements sur nous, autant avouer que nous “vivotons” en attendant le grand soir où nous pourrions tout dire et nous libérer enfin ! Mais ce « Grand Soir » n’arrive jamais, parce que nous en redoutons les conséquences cataclysmiques !

 

Oser être soi dans le vide 

Ce que nous apporte le clown c’est la capacité d’oser être soi. 

Nous trouvons notre clown, le jour où nous ne nous racontons plus d’histoire : nous acquerrons  le pouvoir de rester dans le vide, simplement sans excuse et sans alibi.

Parce que j’ai osé être moi-même un instant, l’instant d’après je suis «  vide », disponible pour vivre et ressentir la suite.  

Apprendre à s’appuyer sur le “vide”, c’est notre nouvelle base. C’est aussi être capable de faire un « saut dans le bide » mais sans élastique !

Comment pouvons-nous être disponibles au présent quand nous sommes “plein de tout”, de pensées, de préjugés, d’a priori, de souvenirs, de croyances diverses ? Comment pouvons-nous être ouverts puisque nous “fermons” tout pour garder une image cohérente de nous-même surtout aux yeux de notre entourage ?

 

Celui qui dit la vérité

Pourquoi exagérer, pourquoi amplifier nos défauts, ne sommes-nous pas déjà assez ridicules ?

Absolument ! Nous sommes ridicules de continuer à tricher parce que si nous regardons bien autour de nous, les hommes trichent, mais pas le vivant

Dans la tradition du bouffon, “le fou du roi” était, par excellence, “Celui qui dit la vérité” et c’est pour cette raison que le roi l’avait à ses côtés, justement, pour l’empêcher de se prendre pour Dieu et paradoxalement le ramener à plus de sagesse et d’humilité.

Si seulement nos dirigeants et autres meneurs du monde avaient pu un jour découvrir leur clown intérieur …

 

Un masque qui délivre 

“Le nez du clown c’est le masque qui nous délivre de tous les autres”. 

Quand nous sommes dans notre clown, nous sommes vulnérables et nous avons en même temps toutes les audaces” parce que nous avons, enfin le droit d’être nous-même!

Etrange paradoxe et pourtant c’est parce que j’accepte d’être faillible que j’ai cette force qui me confère, non pas le pouvoir sur les autres mais une vraie puissance :

Plus puissant qu’un roi, le clown, roi inversé se

révèle comme une étoile dans la nuit de l’ego.

 

Il nous rend humble face à notre réalité, parce que parfois, elle n’est pas glorieuse notre réalité !

Savoir qu’il y a en nous ce clown naïf qui joue à l’imbécile pour nous faire rire de nos bêtises, de nos travers,

Savoir qu’il existe bien , au fond de nous, celui qui accepte d’être tordu, pour nous remettre à l’endroit et nous dédouaner de nos faiblesses, c’est assurément retrouver notre Force première.

Je l’aime ce clown parce qu’il est le compagnon d’humour des jours où je cherche le rire en ce bas monde !

Accepter de rencontrer ce clown en nous, c’est enfin oser vivre notre folie, devenir ce « Fou » indispensable pour empêcher notre « égo roi » de se prendre trop au sérieux.

Osons devenir “Fou” de fou-rires et, pourquoi pas rêver de 

 se “gai-rire” de la folie du monde par le jeu dans l’anéantissement du “moi-je”.

 

Claude Berthoumieux alias M'dame Clochette

 

Claude Berthoumieux

Clown animatrice. Experte en folie ordinaire. Reconnue d’utilité publique par les hôpitaux de la ville de Paris. Diplômée de la faculté de Cambrai. A reçu en 2023 le titre honorifique de « barge de l’année ».

Pour en savoir plus sur ses activités moins sérieuses (en tant que psy ou victimologue par exemple…) consultez son CV

 

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